Un pneumatique est l’assemblage de plusieurs matériaux lui conférant sa rigidité et ses performances. Il est composé essentiellement d’élastomère : le caoutchouc. Il est couplé à d’autres éléments comme le noir de carbone et la silice qui serviront de charges renforçantes ; de plastifiants comme les huiles et les résines ; et enfin du soufre qui est un agent de vulcanisation. C’est la fameuse étape qui fera passer le caoutchouc de son état plastique à son état élastique. Des éléments métalliques et textiles serviront de renforts pour constituer la carcasse du pneu.

Depuis plusieurs années, les industriels souhaitent s’affranchir de l’hévéa et du pétrole.

À ce jour c’est une réalité : guayule, pissenlit, amidon, huiles végétales et autres matières premières biosourcées et recyclées, sont à l’étude pour remplacer les produits pétroliers et le latex.

Le guayule et le pissenlit auraient pu être une bonne alternative au latex naturel fourni par l’hévéa ; leur croissance rapide s’acclimate très bien à l’Europe. D’ailleurs, les manufacturiers comme Continental, Bridgestone et Pirelli ont été fiers de présenter leurs pneus fabriqués à base de ces plantes.

Du pissenlit pour Continental et le guayule pour Bridgestone et Pirelli !

Malheureusement, suite à de nombreux tests et études, il semblerait que ces derniers soient non viables pour une production industrielle à grande échelle, ceci d’après les études qui sont menées depuis 2013 par le LRCCP (laboratoire de recherche et de contrôle du caoutchouc et des plastiques), parrainé par des groupes comme Hutchinson et Michelin. Les premiers résultats étaient restés confidentiels pendant 2 ans, mais commencent à être dévoilés.

L’étude Bioproof est en cours jusqu’en 2018, de nouvelles données et informations seront complétées d’ici là.

D’autres alternatives sont encore à l’étude. Par exemple, la découverte du Keltan, un élastomère issu de la canne à sucre, possédant les même qualités que l’EPDM (éthylène-propylène-diène monomère).

Les plastifiants comme les huiles végétales, ou encore l’amidon et la cellulose extraits des déchets végétaux ont prouvé leur fiabilité dans le monde de l’industrie.

D’ailleurs, en parlant de déchets organiques ! Des chercheurs de l’université de l’Ohio sont actuellement en plein développement afin de déposer un brevet plutôt original… Le noir de carbone, qui représente tout de même 30% du pneumatique, pourrait être remplacé par des coquilles d’oeufs et des peaux de tomates ! Le nouveau caoutchouc produit ne sera plus noir mais d’un brun rougeâtre. La synergie de ces 2 éléments permettrait de conserver la flexibilité du caoutchouc tout en conservant sa solidité. Nous ferions d’une pierre deux coups en réutilisant des déchets minéraux comme la coquille d’œuf qui se dégrade très difficilement et en réduisant l’utilisation du noir de carbone.

L’ascension de nouveaux modes de consommation, une prise de conscience de l’empreinte écologique et l’impact phytosanitaire des cultures de l’hévéa, feront évoluer et progresser les techniques de production.

Des pneumatiques 100% «  green » ce n’est donc pas pour tout de suite mais nous sommes sur la bonne voie !

À propos de l’auteur :

«  Delphine, conseillère technique en pneumatique. Grande exploratrice et avide de découvertes, j’adore voyager et j’ai pu visiter déjà quelques pays. Fan des émissions comme Top gear et ayant une maman qui a longtemps pratiqué le rallye, je suis surtout attirée par les véhicules qui procurent des sensations fortes. »