[Reportage par Benoît, notre responsable moto]
Nous avons vu la course, voyons maintenant ce qu’il y avait autour.
24h de pneus
Parlons pneus. Dunlop a remporté le trophée, talonné par Bridgestone. Le manufacturier japonais peut être fier de se placer aux deuxième et cinquième places, pour la première édition depuis son retour en Endurance. Jolie performance ! Pirelli signe une belle troisième place au classement. Michelin obtient une place dans le top 10 avec la Yamaha n°333, une superstock qui finit 9ème du général.
Dunlop était le manufacturier le plus représenté avec 33 teams. Contre 18 pour Pirelli, 6 pour Bridgestone et 2 pour Michelin. Continental n’était donc représenté par aucune moto dans le championnat d’endurance.
Il faut noter que le nouveau revêtement du circuit Bugatti a largement sollicité les pneumatiques. Cela a pu faire perdre leurs repères à pas mal de pilotes. C’est aussi pour cette raison que la course a été à ce point pimentée. Usure irrégulière des pneumatiques entre l’avant et l’arrière, changement du comportement de la moto au freinage et en courbe… Les réglages ont été nombreux avant de trouver le compromis idéal pour la course.
Petite anecdote : comme pour le dernier Bol d’Or, le team Dunlop Motors Event n°212 a équipé sa Honda CBR1000RR (Superstock) de pneus GP Racer D212 Slick, en gomme endurance malgré les hésitations avec les gommes intermédiaires. Ce sont exactement les mêmes que ceux que vous retrouvez sur notre site. Moralité, cette configuration leur a permis de tenir jusqu’à deux relais, avec un même train de pneus. Une belle prouesse pour Dunlop et ses GP Racer D212, qui montrent que l’on peut rivaliser avec les plus grands à bord d’une moto Superstock équipée de pneus piste disponibles dans le commerce.
Le bar des 24h
Au coeur des stands
Ce qui est génial avec l’Endurance et particulièrement les 24h du Mans, c’est que la course est faite d’un nombre incalculable de rebondissements et de petites histoires savoureuses dont on se délecte sans fin. Petites brèves de comptoir :
Brève 1
Par exemple, on sait désormais que même le team manager du SRT (Kawasaki n°11, 3ème du classement final), n’arrive pas à faire lever le pied à Randy de Puniet, quand celui-ci tente de revenir sur un pilote qu’il a en ligne de mire. Moralité Randy est parti dans les graviers, mais sans gravité…
Brève 2
On sait aussi que quand les mécanos japonais du team Eva RT Webike Trick Star s’échauffent et font des étirements avant l’entrée au stand de leur moto, c’est pour réaliser un Pit Stop parfait : 17s pour le changement roue avant, roue arrière, essence et pilote. Pas mal.
D’ailleurs, pour votre information, sachez que la procédure est très stricte au niveau du passage au stand. Les motos arrivent à 60km/h dans la Pit Lane, puis la chorégraphie commence. 1, un mécanicien stabilise la moto avec une béquille arrière. 2, le pilote qui termine son relais descend de la moto. 3, le remplacement des roues avant et arrière. 4, le plein d’essence. 5, le nouveau relayeur grimpe sur la machine, démarre et rejoint la piste, toujours à 60km/h. Et les juges sont sur place pour vérifier que tout est fait fans les règles et dans le bon ordre !
Brève 3
Pendant qu’on est arrêté aux stands : sachez que les deux catégories en lice, les EWC et les Superstock, doivent respecter la même procédure, mais que le remplacement des roues en superstock est bien moins facilité qu’en EWC. Il faut bien souvent démonter l’étrier de frein pour remplacer la roue ; les temps d’arrêt varient alors généralement du simple au double. Dans les deux cas, le relais se fait généralement au bout de 50 à 55min, le temps de vider le plein d’essence et de boulocher les pneus (surtout sur la droite, avec l’orientation du circuit Bugatti).
Bon, on apprend quand même que le dopage frappe aussi dans les rangs de l’endurance moto…
Brève 4
On rigole, on rigole, mais pendant cette 40ème édition, trois records ont quand même été battus :
- Le record du temps au tour en séance de qualification, obtenu par Randy de Puniet et la Kawasaki du SRT. 1’35,730. Monsieur Randy !
- Le record du plus faible écart à l’arrivée entre le premier et le deuxième. Moins de 20s ! Sur une course de 24h…
- Le record du nombre de tours réalisés pendant l’épreuve. 860 tours avalés en 24h pour les deux Yamaha du GMT94 et du YART. On ne se rend pas compte là comme ça, mais c’est très impressionnant.
Brève 5
On savait aussi qu’en endurance moto il fallait être… endurant. Jusqu’au bout. Vraiment jusqu’au bout. À l’image des deux teams qui ont dû terminer la course en poussant leur monture qui refusait d’aller plus loin. Bravo à Hervé Cheron, pilote de la Yamaha du MB Motors Team ; et une mention spéciale pour la bravoure de Florent Chesnais, qui a poussé la Honda n°212 sur l’intégralité du dernier tour, afin de rallier l’arrivée. Titanesque !
Brève 6
Girl power ! Seul équipage féminin à prendre le départ de cette 40ème édition, le Girls Racing Team n’a pas démérité à bord de la Yamaha Superstock n°19, et s’offre une belle 30ème position au classement final. Sur les 59 motos engagées, on peut leur dire bravo, étant donné que l’objectif initial était très humblement de finir la course.
Brève 7
Et ça fait quoi au juste un pilote entre deux relais ? Des équipages de 3 pilotes, des relais de 55min… En gros, chacun a environ 1h45 de « libre » entre deux sessions de pilotage. Dans les beaux camions des teams situés à l’arrière des stands, les pilotes se font masser par leur kiné pour éviter de trop souffrir sur la distance. Certains font des micro-siestes, l’essentiel étant de ne pas émerger à 30s du prochain relais. D’autres s’occupent, s’aèrent l’esprit, lisent, mangent, répondent aux sollicitations des journalistes et du public.
Brève 8
Allez, pour finir, une réaction de Freddy Foray, pilote du Honda Endurance Racing n°111 dont la course a été relativement mouvementée suite au déraillement de la chaîne et donc aux 4 tours de retard pris d’entrée de jeu.
« On est évidemment déçus – de finir à la 11ème place, ndlr – quand on a trois pilotes qui ont déjà gagné cette course, on vise forcément la première place. On avait les moyens de le faire, la moto pour le faire, la Fireblade roule très bien. Quand même, on a fait une belle remontée compte tenu du départ.
Le plus dur c’est la fatigue. Ne quasiment pas dormir pendant 24h, physiquement et moralement, c’est épuisant. On met environ une semaine à vraiment s’en remettre complètement ! »
Merci Freddy, et à bientôt pour de nouveaux essais de pneus (les prochains dans très peu de temps !)
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