C’est dans le sud de l’Italie, près de Brindisi que Pirelli a fait la présentation officielle du nouveau pneu moto Sport Tourisme Angel GT. Et quoi de plus normal que de faire essayer cette nouvelle gomme sur un porte-avion ?

Pirelli aime faire les choses en grand. En très grand. Alors quand il s’agit de faire la promotion de leur futur fer de lance moto, ils ne lésinent pas sur les moyens. Je me demande encore pourquoi avoir choisi un porte-avion ? J’ai bien essayé de leur demander : « because it’s grandissimo ». Tout est dit.

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Quand on a un train de retard, on prend l’avion.

La gamme sport tourisme est la plus importante pour les manufacturiers. Ce sont les pneus les plus vendus. Les concurrents de Pirelli l’ont bien compris, et ont tous renouvelé leurs produits. Pilot Road 3 chez Michelin (2012), Roadsmart 2 chez Dunlop (2011), T30 pour Bridgestone (2013) et ContiRoad 2 pour Continental (2011).

La précédente génération, l’Angel ST, commençait sérieusement à prendre de l’âge (4 ans pour un pneu moto, c’est long). Pirelli a rattrapé son retard, en lançant en ce début avril, la nouvelle monte Angel GT.

Un pneu Sport Tourisme doit être bon dans tous les domaines.

La particularité des pneus Sport Tourisme, c’est qu’on lui demande d’être excellent partout. Tenue de route sur sol sec, tenue de route en mode sportif, tenue de route sur sol mouillé, longévité, adhérence, etc… Concevoir un tel pneu est un véritable casse-tête pour les ingénieurs. L’arrivée des pneus bi-gomme (rigide sur la bande de roulement et souple sur les côtés) fût une véritable révolution. Tous les manufacturiers utilisent cette technique de nos jours (Continental est un peu à part, j’y reviendrai dans un autre article).

Tout ça pour vous dire que les ingénieurs doivent faire preuve d’ingéniosité pour trouver de nouveaux procédés pour arriver au tryptique parfait : tenue de route sur sec et mouillé, et longévité.

Premier test : freinage sur sol mouillé.

L’intention est noble. Faire tester le freinage avec une Z 1000 SX (ABS) sur une piste mouillé à 70km/h. La piste était arrosée, et la moto aussi entre chaque tour. Mais c’est sans compter le revêtement que l’on trouve sur le pont d’un porte avion. Comment vous expliquer ? Prenez par exemple le bitume le plus adhérent et le plus abrasif que vous connaissez. Prenez ensuite un crépit de maison bien épais. Voilà, c’est entre les deux. (Coefficient d’adhérence : 0.9).
Résultats du test : « oui, oui, effectivement, aucun problème sur le freinage ».

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En même temps on aurait pu être sous un déluge, ou sur 30cm d’eau, les pneus n’auraient jamais glissé sur ce revêtement. Un responsable Pirelli m’expliquera ensuite qu’il s’agissait plus d’un test pour le fun -faire de la moto sur un porte-avion – qu’un réel test d’adhérence. Nous voilà soulagés :)

Second test : tenue de route sur sol sec.

Cette fois –ci, nous nous sommes rendus sur la piste de Nàrdo, centre d’essai Porsche. Nous avions une dizaine de motos différentes (de la Speed-Triple à la 1200 RT en passant par un FZ8) pour mettre à l’épreuve ces pneus sur circuit.

Il n’y avait pas d’atelier particulier. Nous avions 4 sessions de 20 minutes pour tester la tenue de route sur sol sec (et donc sur piste). 4 sessions, donc 4 motos différentes.

Votre humble serviteur s’est mis au guidon d’une Speed-triple, Fazer 800, Kawasaki Z 100 SX et pour finir une BMW 1200 RT. Le but étant de voir les différences de comportement suivant le type de moto, d’où ce choix hétéroclite (3 et 4 cylindres, puissant, coupleux, lourd, gentillet, etc.).

Les ingénieurs nous avaient prévenu. Dans le cahier des charges de ce nouveau modèle, ils devaient respecter « l’ADN de Pirelli ». Comprenez, le caractère sportif et une tenue de route sur sol sec irréprochable.

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De ce côté-là, rien à redire. Pour avoir malmener ces machines, pas de surprise. C’est précis, assez stable à haute vitesse et le retour d’information est bon. Le pneu vous met rapidement en confiance et vous n’avez plus qu’à vous concentrer sur vos trajectoires.

Par contre, à froid, on peut sentir un léger flottement de l’avant. Cette constatation n’a pas été partagée par tout le monde, donc je ne sais pas si cela vient de moi, de la moto, ou réellement du pneu. Je laisse le bénéfice du doute.

Autre constatation d’un goret de David de moto-station.com, en conduite (hyper)sportive. Les motos à cardan et ces pneus ne font pas très bon ménage. Les pertes d’adhérence du pneu arrière en entrée de courbe (sur les freins) avec les BMW étaient plus que fréquentes. Il a quand même jugé bon de relativiser tout ça :

« non, mais c’est pas grave, on s’en fou de l’arrière quand t’arrive sur l’angle, c’est l’avant le plus important. Ne t’inquiètes pas si ça glisse un peu, c’est normal avec le transfert de masse. Ça se remet dans l’axe tout seul après. »

Voilà ce que ça donne en vidéo :

Je rappelle que nous avons essayé ces pneus sur circuit, et non sur route. En utilisation de tous les jours, vous ne sentirez pas ce genre de choses.

Dernier point, je n’ai pas eu l’occasion d’essayer ce pneu sur la seule moto sportive disponible, une R1 en full. Je laisse donc la parole aux collègues de moto-net.com, présent avec moi sur les essais :

Harcelé par les 183 chevaux du Crossplane Yamaha, le pneu arrière finit par crier grâce : à mesure que la session avance, le Traction Control System (TCS) intervient de plus en plus souvent et dans l’avant-dernier tour, le pneu avant s’incline au bout de la ligne droite.
À cet endroit, le compteur de la R1 indique 285 km/h… […]
L’adhérence du pneu avant n’est plus complètement assurée… et le pilote n’est plus tout à fait rassuré ! Il est temps de rendre la main et de cesser d’importuner ce pauvre pneu – pour rappel « Sport Touring » ! Les dompteurs de Superbike l’auront compris : si l’Angel GT permet de s’amuser sur circuit, il ne peut remplacer une véritable monte sportive.

Source

Longévité et adhérence sur sol mouillé.

Pirelli nous a rappelé que les deux points forts de ce pneu étaient l’adhérence et la longévité. Deux tests que nous n’avons pu réaliser. Mais ils ont fait faire des tests intéressants par l’organisme indépendant allemand MOTORRAD.

La longévité

La longévité a été revue, notamment grâce au nouveau profil et surtout à son emprunte au sol. Ce nouveau pneu est plus gros, plus large et plus court.

nouveau format

Résultat des courses, d’après les tests réalisés par MOTORRAD, l’Angel GT à une meilleure longévité, et surtout, il garde ses performances tout au long de sa vie.

longevite

L’adhérence sur sol mouillé.

Les rainures du profil sont maintenant continues (à l’inverse de la précédente génération) pour une meilleure évacuation de l’eau. Le mélange de gomme a aussi été revu pour arriver à du 100% silice sur le pneu avant et 70% sur le pneu arrière. La silice aide à l’adhérence sur le mouillé et à basses températures. Par contre, d’après certains, sur sol mouillé à haute température (en été par exemple), ce ne serait pas le meilleur composant.

Enfin, le résultat est que, d’après des tests en interne, l’Angel GT freine plus court que ses concurrents sur sol mouillé.

freinage sur mouille

Par contre, à défaut de l’avoir testé sur mouillé, et d’avoir des résultats, je ne pourrais pas vous parler de la tenue de route sur sol mouillé.

Alors, j’achète ou je n’achète pas ?

Personnellement, oui, j’achèterais. J’ai encore un train d’avance que je dois monter, mais après pourquoi pas. Surtout que j’aimerais bien vous faire un essai en condition réelle, pour voir un peu justement la tenue de route sous la pluie et la longévité.

Nous sommes en train de vous préparer la vidéo de l’essai. Je mettrai à jour le billet dès qu’elle sera finie. Je vous tiens au courant.

Ce nouveau Pirelli Angel GT est déjà disponible sur Allopneus.com.

Edit : la vidéo est arrivée !

Essai du pneu moto Pirelli Angel GT from Allopneus on Vimeo.