État des lieux 2016 : l’embellie malgré tout

Le marché de la moto et du scooter traverse depuis 2008 une crise existentielle. Facteurs économiques, réglementaires, sociologiques, démographiques… Il n’est pas difficile de trouver des arguments pour expliquer le phénomène. Le motard français a le genou à terre, et les professionnels du secteur attendent impatiemment la fin d’un virage difficile à négocier.

Malgré tout, depuis 2014, le motard et le marché relèvent péniblement la tête. On se félicite aujourd’hui des « inversions de tendance » et d’une « croissance retrouvée » pour se dire que, finalement, tout n’est pas à jeter. Et comme tout bon politicien se satisfaisant d’une décélération de la hausse du chômage, soyons optimistes et considérons que le marché retrouve bel et bien des couleurs depuis deux ans (à défaut de retrouver leur niveau d’avant crise).

Concrètement, 2016 a représenté un peu plus de 150 000 immatriculations de motos et scooters (de plus de 125cc et hors scooters à 3 roues, qui sont comptabilisés différemment), soit 7,5% de plus qu’en 2015.

Alors, champagne ?

Sauf qu’en 2007, nous étions près de 240 000 immatriculations.
Sauf qu’en 2016, beaucoup de véhicules ont été immatriculés en urgence parce qu’ils ne pourront plus l’être à partir du 1er janvier 2017 (voir l’explication réglementaire ci-dessous).

Effectivement, 2016 aura été dictée par les annonces et mises en application d’une juridiction qui pèse de plus en plus sur le marché.

Petite rétrospective des réglementations qui ont agité l’année :

  • Le nouveau permis oblige tous les nouveaux inscrits à rouler pendant 2 ans sous le statut « A2 » qui implique un bridage de la machine à 47,5ch (mais qui interdit de brider des motos dont la puissance initiale dépasse les 100ch) et une formation payante à l’issue des 2 ans pour pouvoir débrider la bête.
  • La norme EURO 4 est entrée en vigueur le 1er janvier 2017, mais tous ses effets se sont concentrés sur le dernier trimestre 2016 : « Tout véhicule neuf doit désormais être équipé du freinage ABS et disposer de la norme antipollution EURO 4 pour pouvoir être vendu. » Ainsi, tous les revendeurs se sont empressés d’immatriculer les véhicules neufs sans ABS et/ou ne répondant pas à EURO 4 avant la fin de l’année, d’où les très bonnes performances enregistrées sur le dernier trimestre, aussi virtuelles soient-elles.
  • Le port de gants homologués est désormais obligatoire à tous les conducteurs et passagers d’un 2-3 roues motorisé.
  • Les annonces concernant le contrôle technique obligatoire avant la revente d’un véhicule ont également été légion. Finalement, le fameux contrôle initialement prévu pour Octobre 2017 est reporté à une date ultérieure.
  • L’interdiction de circulation des motos et scooters dans la capitale s’ils datent d’avant l’an 2000.
  • La tolérance accordée à la circulation inter-files si les conditions de route le permettent.
  • Enfin, les restrictions concernant les motos de plus de 100ch ont été levées le 1er janvier 2016, sous réserve que l’engin dispose de l’ABS et réponde à la norme EURO 4.

Conclusion

Il n’est pas question de juger de l’intérêt ou non de ces réformes, mais de constater qu’elles ont un impact significatif, peu importe qu’il soit positif ou négatif d’ailleurs, sur les immatriculations de véhicules neufs. Certaines ont eu pour effet de retarder les immatriculations, d’autres de les anticiper ; mais toutes expliquent en partie les mutations du marché.

Partie 2 du dossier : les tops et les flops 2016 chez les 2 et 3 roues d’au moins 125cc

Sources : CSIAM et l’Officiel du Cycle